Article Conseil 3 PSC1

Vous vous posez de nombreuses interrogations sur le massage cardiaque. Obtenez des réponses maintenant

Les questions que les stagiaires les plus curieux posent aux formateurs à propos du massage cardiaque, et quelques éléments de réponse.

De quand date la technique du massage cardiaque ?

1960

Est-ce bien utile de se souvenir de tous ces détails sur la technique des compressions ? Il suffit d’appuyer non ?

Oui, c’est important, car la qualité du massage cardiaque est le point clé de la réussite de la réanimation. Il a été démontré que même les gestes des professionnels de santé sont souvent réalisés de manière imparfaite. Ce sont des gestes simples, mais on ne peut pas les inventer si l’on ne les a pas appris avec un formateur. Il est toujours préférable de faire un mauvais massage que rien du tout, mais un massage correctement effectué augmente les chances de survie.

Puis-je tuer la victime si je masse un cœur qui bat ?

Il a été démontré que le risque de blessure grave du fait de compressions thoraciques aux victimes qui ne sont pas en arrêt cardiaque est négligeable. Au contraire, tout retard pris avant de commencer les compressions sur une victime en arrêt cardio-respiratoire compromet sérieusement le devenir de la victime. Il ne faut donc pas hésiter à commencer le massage cardiaque même en cas de doute sur la réalité de l’arrêt cardiaque.

Qu’est-ce qui se passe dans le thorax quand on appuie dessus ?

Deux choses se passent simultanément :

  • on appuie sur le cœur qui est successivement comprimé et relâché entre le sternum et le rachis dorsal. Les valves cardiaques, qui agissent comme des clapets, fonctionnent moins bien quand le cœur est arrêté. Mais la compression va tout de même éjecter un peu de sang qui se trouve dans le cœur et le relâchement en ramener. Ce phénomène a été confirmé par l’imagerie médicale.
  • les compressions thoraciques augmentent la pression dans les veines et les artères. Cette augmentation a lieu de part et d’autre, mais les systèmes veineux et artériels étant différents, l’augmentation de pression résultant de la compression n’est pas la même des deux côtés. Cela crée une petite différence de pression en faveur du système artériel, qui pousse le sang des artères vers les veines, et recrée un phénomène de circulation. Ce phénomène a été démontré par la mesure de la pression dans les veines et les artères pendant un massage cardiaque.

Quand on palpe le pouls pendant le massage, on le sent. Est-ce que c’est un signe que le massage est efficace ?

Non, on sent juste l’onde de pression créée dans les artères par le massage du thorax. Mais la circulation est en réalité extrêmement faible, voire nulle si le geste est mal réalisé.

Quels sont les organes qui souffrent le plus en absence de massage cardiaque ou du fait d’un mauvais massage ?

Le cerveau est l’organe le plus affecté par une circulation réduite. En absence de perfusion pendant cinq minutes, des dommages irréversibles se produisent. Le muscle cardiaque est le second sur la liste par ordre d’importance. La reprise d’une circulation spontanée nécessite d’ailleurs que les artères coronaires (qui irriguent le muscle cardiaque) soient bien alimentées par le massage cardiaque. C’est pourquoi une réanimation avec une reprise de la circulation spontanée sans séquelles neurologiques n’est possible que si le massage cardiaque est efficace.

Comment se fait-il que j’aie appris une technique différente lors d’une précédente formation ?

La technique du massage cardiaque est basée sur une norme qui est révisée tous les cinq ans par les scientifiques pour tenir compte des progrès de la recherche. Pour cette raison, la norme évolue, et donc la technique enseignée évolue aussi.

Peut-on masser une personne sur son lit ?

Oui, mais ce n’est pas recommandé. En effet, une partie de l’énergie du sauveteur sera perdue en raison de la compression du matelas, alors que cette énergie est nécessaire pour réaliser des compressions efficaces. Il est préférable de déplacer la victime sur une surface rigide si c’est possible sans perdre de temps.

Il vaut mieux utiliser la main droite ou la main gauche pour appuyer sur le thorax ?

L’une ou l’autre, même si une étude a démontré que l’on masse un peu mieux avec la main dominante au contact du thorax, c’est à dire la main droite pour les droitiers et la gauche pour les gauchers.

Pourquoi faut-il avoir les bras parfaitement verticaux / les coudes bloqués / les coudes verrouillés ?

Pour une raison d’efficacité mécanique. Si la force de compression n’est pas perpendiculaire au sternum de la victime, cela a tendance à faire bouger la victime et on perd ainsi un peu d’énergie inutilement.

Est-ce que je risque de casser des côtes sinon ?

Oui, cela peut arriver. Toutefois en pratique ce n’est jamais grave. Des études ont montré que le risque de blessure grave due à un massage cardiaque est négligeable.

Pourquoi faut-il que le talon de la main soit aligné avec l’axe longitudinal du sternum ?

Cela permet d’augmenter la force transmise sur le sternum, donc un massage plus efficace, et cela réduit le risque de fracture des côtes.

Dans une formation plus ancienne, on devait prendre des repères précis sur le thorax de l’adulte. Ce n’est plus le cas ?

Non, il a été démontré que c’est une perte de temps inutile. Veillez simplement à ce que la main soit sur la moitié inférieure du sternum.

Pourquoi ne pas arrêter le massage pendant la mise en place des électrodes du défibrillateur par un autre sauveteur ?

Le massage n’empêche pas la pose des électrodes, il est donc inutile de l’arrêter. Tout arrêt du massage diminue les chances de survie.

Quelles sont les raisons qui nécessitent d’arrêter les compressions ?

Il n’y en a que trois : réaliser les insufflations, vérifier les signes de ventilation / circulation, et lorsque le défibrillateur le demande.

Pourquoi la fréquence des compressions doit être de 100 à 120 par minute, alors que le cœur bat environ moitié moins vite ?

Un cœur qui bat envoie beaucoup plus de sang dans la circulation que les compressions. Il faut donc beaucoup plus de compressions pour obtenir une circulation permettant tout juste la survie. Il a été démontré que les chances de reprise spontanée de la circulation diminuent dès que la fréquence des compressions du massage est inférieure à 80 par minute. De plus, les interruptions du massage pour les insufflations et la défibrillation font perdre des compressions.

Pourquoi faut-il réaliser des compressions de 5 à 6 cm ?

Il a été démontré que les chances de reprise spontanée de la circulation diminuent en dessous d’une amplitude de 5 cm. Aucune limite maximale n’a été démontrée dans les études sur l’homme, mais les experts de la réanimation ont décidé de la fixer à 6 cm.

Pourquoi faut-il laisser le thorax reprendre complètement sa forme, mais ne pas décoller les mains ?

Il a été démontré que si la compression n’est pas relâchée complètement, la circulation est moins efficace, que ce soit vers le cœur ou le cerveau. Il faut donc « sentir » le relâchement complet dans le talon de la main, et ne surtout pas s’appuyer sur le thorax de la victime. Néanmoins il ne faut pas relever le talon complètement, car il a été démontré que les personnes qui font cela appuient moins profondément pendant la compression, ce qui a pour conséquence un massage moins efficace.

Pourquoi faut-il que la durée de la compression et du relâchement soient égaux ?

Il a été démontré que la durée idéale du temps de compression est comprise entre 20 et 50% du cycle compression / décompression. La norme recommande une durée égale pour la compression et le relâchement, car c’est ce qu’il y a de plus simple à faire, tout en restant dans l’intervalle optimal.

Ces quelques conseils ne remplacent en aucun cas une formation aux premiers secours