L’hygiène et secourisme, un duo inséparable
Alors qu’en milieu hospitalier, l’hygiène est très stricte, elle a souvent pu être négligée lors de la pratique secouriste. Les équipiers-secouristes et les victimes qu’ils prennent en charge sont pourtant particulièrement exposés : SIDA, hépatites, tuberculose…
I – Le nettoyage des mains
Qu’est-ce que le nettoyage des mains ?
Nettoyage des mains simple
- eau + savon doux + frotter au moins 15 secondes en insistant sur la pulpe des doigts, les espaces interdigitaux, le pourtour des ongles, le dos des mains, les paumes et les poignets ;
- rincer à l’eau du robinet ;
- attention de ne pas se contaminer en fermant le robinet (fermer le robinet avec le dernier essuie-mains) ;
- s’essuyer avec un essuie-mains papier à usage unique ;
- jeter les essuie-mains dans une poubelle sans la toucher.
Quand le faire ?
- A la prise de poste et en fin de service ;
- Avant de mettre des gants et après leur retrait ;
- Systématiquement entre deux victimes ;
- Après toute biocontamination : repas, passage aux toilettes, après s’être mouché, etc.
- En présence de poudre sur les mains ;
- Chaque fois que les mains sont visiblement souillées.
II – Les gants
Qu’est-ce qu’un gant ?
Il existe deux sortes de gants :
- Les gants à usage unique non stériles,
- Des gants stériles.
Les gants stériles sont rarement utilisés dans le cadre secouriste (emballage de fracture ouverte). Ils nécessitent une technique particulière et un nettoyage chirurgical des mains (plus compliqué que le nettoyage simple exposé ci-dessus). Il est parfaitement inutile de les utiliser si on ne connaît pas la procédure.
Quand les mettre ?
Sauf situation exceptionnelle, les gants à usage unique doivent rester dans leur boîte jusqu’au dernier moment, pour éviter leur biocontamination :
- ne pas les laisser traîner dans une poche de vêtement, sur une table, etc.
- éviter de les sortir de leur boîte qu’après un lavage des mains ;
- ne les sortir de leur boîte que pour les mettre.
Les gants doivent être portés pour toute antisepsie de plaie, pose de pansement, contact avec le sang ou un liquide biologique, des muqueuses, un épiderme souillé…
L’absence de gants ne doit pas retarder l’exécution d’un geste d’urgence vitale tel qu’une compression manuelle pour stopper une hémorragie. Dans ce cas on pourra toujours utiliser un moyen de protection de fortune tel qu’un sac plastique.
Précautions à prendre lors de l’utilisation des gants
Il est absolument indispensable de :
- Se laver les mains avant de mettre les gants ;
- Se laver les mains après avoir enlevé les gants ;
- Jeter la paire de gants dans un sac-poubelle destiné à être incinéré.
III – Nettoyage et antisepsie des plaies
Qu’est-ce que le nettoyage et l’antisepsie ?
Nettoyage et antisepsie sont deux phases distinctes.
Nettoyage = Opération aux résultats momentanés permettant sur les surfaces de dissoudre les matières organiques et d’éliminer une partie des micro-organismes (définition Afnor).
Antisepsie = Opération au résultat momentané, permettant sur les tissus vivants d’éliminer ou de tuer les micro-organismes et/ou d’inactiver les virus, en fonction des objectifs fixés (définition Afnor).
Quels produits utiliser ?
Les produits suivants sont conseillés :
pour le nettoyage : eau et savon doux. Convient pour le lavage des peaux saines ou lésées. Bien rincer pour éliminer tout le savon.
pour le rinçage : eau simple ou solution stérile de NaCl à 0,9 % (« sérum physiologique »)
pour l’antisepsie : un antiseptique, de préférence en dosette à usage unique. Il est important de vérifier la date de péremption du produit et de lire attentivement la notice du produit utilisé. Comme tout produit médicamenteux, il peut faire l’objet de contre-indications et provoquer des allergies. À titre d’exemple, la Bétadine, parfois utilisée en secourisme, est contre-indiquée aux enfants de moins de 30 mois, et à la grossesse à partir du 4e mois et allaitement ;
des compresses stériles emballées (les compresses non stériles ou hors emballage sont fortement déconseillées).
Il est inutile et dangereux d’utiliser plusieurs antiseptiques sur une même plaie.
Les plaies simples pour lesquelles on ne peut pas appliquer l’antiseptique de la trousse de secours en raison d’une contre-indication seront seulement nettoyées à l’eau et au savon.
Matériel pour le nettoyage et l’antisepsie des plaies simples
eau, savon doux, Bétadine rouge, sérum physiologique, Bétadine jaune, gants à usage unique, compresses stériles emballées, pansements adhésifs.
Comment procéder ?
- Préparation
- Se laver les mains
- Mettre des gants à usage unique
- S’assurer que la victime n’est pas allergique à l’antiseptique de la trousse de secours,
- Vérifier la date limite d’utilisation de l’antiseptique et du sérum physiologique si on veut en utiliser ;
- Vérifier l’intégrité des flacons (ils ne sont pas percés, souillés, ouverts depuis 2 mois, etc.)
- Nettoyage
- Se saisir d’une compresse ;
- Nettoyer la plaie à l’eau et au savon. Recommencer avec de nouvelles compresses jusqu’à ce que la plaie soit propre.
- Rinçage
Irriguer abondamment la plaie au sérum physiologique ou à l’eau pour rincer le savon.
- Antisepsie
- Demander à la victime si elle n’est pas allergique à l’antiseptique de la trousse de secours ;
- Vérifier la date de péremption de l’antiseptique ;
- Prendre une nouvelle compresse stérile et l’asperger abondamment d’antiseptique. Le bouchon de la bouteille d’antiseptique ne doit pas toucher la compresse ;
- Réaliser l’antisepsie de la plaie (de l’intérieur vers l’extérieur de la plaie si elle est étendue) ;
- Recommencer au moins une fois;
- Si nécessaire, placer un pansement adhésif stérile sous emballage individuel, après avoir vérifié l’intégrité de l’emballage et la date limite d’utilisation. La partie adhésive ne doit jamais être collée sur la partie lésée de la peau.
- Et le tétanos ?
- Ne pas oublier de questionner la victime à propos de sa vaccination antitétanique ;
- Conseiller à la victime, si la plaie devient chaude, rouge, si elle gonfle, ou si elle continue à être douloureuse dans les 24 heures de consulter sans tarder un médecin.
- Faire noter l’intervention, remercier le visiteur
- Nettoyage
- Jeter les compresses souillées et les emballages dans un sac jaune de déchets d’activités de soins ;
- Y jeter aussi les gants ;
- Se laver les mains ;
- Assurer le rangement et la décontamination du poste de travail ;
- Se laver à nouveau les mains ;
- Faire un sourire au chef.
IV – Désinfection du matériel et du véhicule de secours
Définition : Opération au résultat momentané permettant sur les surfaces inertes contaminées d’éliminer ou de tuer les micro-organismes et/ou d’inactiver les virus indésirables, en fonction des objectifs fixés. Le résultat de cette opération est limité aux micro-organismes présents au moment de l’opération (définition Afnor).
Il existe deux types de désinfection du matériel de secourisme :
- La désinfection de fortune en cours de mission, après une intervention sur le terrain ;
- La désinfection mission terminée, de retour au garage.
Désinfection en cours de mission (entre deux interventions)
Conditionner les déchets souillés, le linge sale, la couverture isothermique (usage unique)…
Pulvériser une solution détergente désinfectante sur le matériel qui a été en contact avec la victime : brancard, matelas à dépression, surfaces, lavabo, poignées de porte… Étaler avec une lavette en non-tissé à usage unique ; laisser sécher sans rincer. Jeter la lavette dans le sac jaune à déchets mous.
Le matériel à risque faible, c’est à dire qui n’est pas en contact direct avec la peau lésée ou les muqueuses, peut être nettoyé sur place à l’aide d’une solution détergente désinfectante en spray et d’une lavette en non-tissé. C’est par exemple le cas du stéthoscope, du tensiomètre, du brancard, matelas à dépression, etc.
Le matériel non jetable en contact avec une muqueuse ou une peau lésée (masque de BAVU par exemple) doit faire l’objet d’une désinfection complète à la base et sera donc stocké temporairement dans un sac en plastique prévu pour contenir le matériel contaminé non jetable (ex. sac en plastique rouge).
Se laver les mains.
Noter ce qui a été fait.
Désinfection complète (de retour à la base…)
Nettoyer la cellule sanitaire et le poste de conduite.
Utiliser un produit détergent et désinfectant puissant, selon les recommandations de votre médecin ou pharmacien-conseil. Généralement ce type de produit doit être dilué. Il est souvent très agressif pour les tissus humains et doit donc être utilisé avec précaution pour éviter les irritations : lire la fiche de sécurité du produit, porter des gants.
Partir des surfaces les moins sales vers les plus sales pour ne pas favoriser la recontamination des zones déjà nettoyées.
Ne pas oublier les tiroirs, les supports de matériel, étagères, porte-brancard, poignées…
Laver le sol sans balayage préalable pour éviter la remise en suspension des poussières, ou aspirer la poussière à l’aide d’un aspirateur dont le moteur est laissé à l’extérieur de la cellule. Utiliser la méthode de lavage des deux seaux (cf. fiche technique 2.2 de la formation PSE2). Laisser sécher avant de remettre le matériel.
Vider la réserve d’eau puis la remplir avec de l’eau potable à laquelle on ajoute une solution d’eau de Javel à 12 ° chlore (10 mL pour 10 L d’eau). Pour éviter tout risque de contamination en provenance de la réserve d’eau sur les véhicules anciens, il est aussi possible de la condamner purement et simplement.
Petit matériel (masque, BAVU, aspirateur de mucosités) :
nettoyer à l’aide d’un détergent : brossage, rinçage à l’eau claire, séchage avec un papier à usage unique ;
désinfecter par immersion dans une solution désinfectante (cf. mode d’emploi : protection individuelle, temps de contact…) ;
rincer à l’eau claire, sécher,
stocker dans un endroit propre et fermé réservé à cet usage.
Ces quelques conseils ne remplacent en aucun cas une formation aux premiers secours